Oportuno Tempore
Luiz MacPontes
Luiz MacPontes
L’immense pays où je fus citoyen
M’évoque les plus fâcheux souvenirs
Et l’essence de mes gracieux loisirs,
― Piètre alliage ― mon seul bien
Oh ! Pays qui m’empoisonne la vie,
― Les beaux jours de mon âpre jeunesse ―
Je te hais, car je t’aime ma patrie,
Mon cancer, mon élan, ma richesse
Labarum de ma constante angoisse
Où j’essuie ― songeur ― mes yeux larmoyants,
Le berceau de mon regard rayonnant
Parmi mes sourires et mes grimaces…
L’œuvre d’art dans cet ancien monde
Qui le jeune Atlas porta sur son dos,
Je rêve de toi chaque seconde,
S’il te plaît, ne m’envoie pas de stylos
Je ne peux plus exprimer mes désirs
Bien que nous soyons, parfois, complices,
La peur frappe mes fonctions motrices…
Je meurs sous les cendres de mes plaisirs
Dis-moi, ô Fleuron de l’Amérique!
Qui de nous est le traître le plus sale ?
Est-ce moi, dans mon état léthargique,
Ou tes seigneurs à l’esprit féodal ?
Pourtant, au parfum d’une fleur de lys,
Comme le Phénix, je naîtrai du rien,
Je déploierai mes ailles et, païen,
Je te prouverai que je suis ton fils
Non ! Mon silence n’est pas pour toujours !
Magog ne peut vivre éternellement !
Le nirvana obtiendra son séjour
Dans mon cœur gavé de ressentiments
Rouge ― plus intense que le carmin ―
Je te verrai en toute majesté
Sous le manteau blanc de la chasteté
Protéger ton pauvre fils pèlerin
Le sang contrit qui court dans mes veines,
Je le verserai dans ton intérêt…
Comme Alexandre épousa Athènes,
Je t’épouserai un jour, en secret.
Nos noces tisseront notre fibre,
Méphistophélès dit : ― Elle est jugée !
La voix du ciel dira : ― Elle est sauvée !
Je dirai : ― Maintenant elle est libre !
Pour ton peuple, pour ton territoire,
Je serai prêt à brandir le sabre.
J’écrirai ― en vers ― notre victoire
À l’ombre d’un magnifique arbre
Luiz MacAngelo
Luiz MacVate_1968